Ce matin là, je suis hyper motivé. J’ai préparé ma sortie la veille, vérifiant tous les détails, allant même jusqu’à changer le nylon et affûter la pointe.
J’ai aussi prévu un deuxième sandows comme attribut supplémentaire que j’ajouterai en fin de chasse sur « The Spot », où, récemment mon équipier m’a fait le string rouge.
4.4 kg
Solitaire sur le vieux boat
je fais route à la nuit afin de visiter quelques îlots isolés aux premières lueurs du jour.
Sur le premier spot, après quelques mètres, j’aperçois une dorade qui picore derrière un bloc et alors que je me pose au fond pour surprendre la belle, un joli loup vient jouer « les de quoi je me mêle »
3.2kg
Il n’y a pas 10 mn que je suis dans l’eau. C’est mon jour me dis-je.
Ravi, je visite encore 2 îlots où je délaisse 2 poissons qui habituellement auraient retenu mon attention. Aujourd’hui je veux faire dans le gros.
Le soleil est maintenant haut et je décide de rejoindre « The Spot »
Chemin faisant j’extrapole la suite : avec un brin de chance je peux croiser les dentis dans peu d’eau, depuis quelques jours ils sont bien remontés. Je vais passer en double sandows et avec le 105 je dois pouvoir les taper de loin. Une réelle excitation s’empare de moi et le trajet qui me sépare de la zone me semble interminable.
Une fois sur place l’eau est jaunâtre, la visi n’excède pas 8 m , la mer est d’huile, le courant absent. « The Spot » est une pointe isolée avec un premier plateau en surface, un autre à -2 m et un dernier à -3,5m, le tout entouré de mange et surplombant un tombant de 12 à 14 m.
Collé au rocher j’ai le ferme espoir de faire un beau poisson.
La visi limitée ne facilite pas la tâche, je ne vois pas le fond et distingue un peu tard la venu d’un barra de belle taille. Un banc de marbrés monte me voir. Je retiens mon tir en espérant mieux, pareil sur 2 jeunes limons. Pas le moindre denti. Puis plus rien. Commence alors de longues minutes d’attente.
Le soleil est presque à la verticale, ses rayons plongent le long du tombant offrant une meilleure visibilité et donnent à la mer une couleur plus naturelle. Je me délecte du spectacle.
Tiens ? Un banc de vérades est venu se blottir sur le premier plateau, les bogues se regroupées prêt de la surface, les oblades ont disparu et les castagnoles, tout en se rapprochant du bord, entament une lente descente.
Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil derrière…
D’un des faisceaux de lumière qui inonde le fond, apparaît une tache sombre que j’ai du mal à identifier. Une tête démesurée s’avance lentement. C’est une liche. J’ai le fusil dans la direction opposée, je n’ose pas bouger. L’animal s’écarte passant à 4 ou 5 m de moi, puis s’éloigne. Je ne vous dirais pas le poids, j’en ai jamais vu comme ça : 1,20m/1,30m… peut-être plus.
Je me pose vite sur le premier plateau. Je distingue encore sa forme furtive dans l’eau jaune. Puis la forme grossie, grossie. Elle fait demi-tour et vient à ma rencontre.
Elle approche ! Allez, encore…
Dans ma précipitation se me suis mal calé. J’ai les jambes qui commencent à remonter. Effet immédiat le poisson bifurque et me présente sont meilleur profil. Il est à moins de 3 m. Je lâche le tir…
Manqué. J’ai tiré au dessus. Je le crois pas.
Mon beau poisson continu sa route comme si de rien n’était, comme si pour lui rien ne s’était passé. Même pas affolé. Même pas peur.
Moi, je sais pas pourquoi j’ai l’impression d’être passé à côté de quelques choses grand. Un vide immense m’envahi et ma prise du matin sur le moment me semble bien dérisoire. Le constat est terrible. Sans appel.
J’ai merdé le poisson de ma vie !